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    Call of Duty Vanguard : une 2e guerre mondiale en demi teinte pour la licence phare d'Activision
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Après la Guerre froide et les coups tordus de la CIA l'an dernier, la saga Call of Duty rétropédale encore un peu plus dans le temps en revenant sur les théâtres d'opérations de la Seconde guerre mondiale, comme en 2017. Pour un résultat mitigé...

    SledgeHammer Games / Activision

    Orchestrée par les studios Treyarch et Raven Software (avec quand même le renfort des bataillons issus des studios Beenox, Demonware, High Moon Studios, Activision Shanghai et Sledgehammer Games), la martingale annuelle et multi-milliardaire d'Activision Call of Duty revenait l'an dernier à la saga des Black Ops.

    Un millésime 2020 qui replongeait le joueur dans les affres et coup tordus de la CIA durant de la Guerre Froide, avec son chapelet de missions derrière les lignes ennemis, traque de cellules dormantes soviétiques en plein coeur des Etats-Unis, assassinats ou captures de témoins, menace terroriste taille XXXL avec arme atomique à la clé, retournement d'agents plus ou moins doubles... Le résultat était plutôt sympathique, comme nous l'écrivions ici.

    La Seconde guerre mondiale, matrice de la licence

    Après avoir envisagé pendant un temps donner une suite à son opus Call of Duty : Advanced Warfare, le studio Sledgehammer Games avait décidé de rétropédaler et même carrément faire un virage à 180° en 2017, en choisissant de revenir finalement à ce qui fut la matrice de la saga : la Seconde guerre mondiale, avec Call of Duty WWII. Un retour aux sources d'autant plus bienvenue que le dernier opus de la franchise à avoir exploité le cadre de la Seconde guerre mondiale remontait à 2008 avec Call of Duty : World at War. Autant dire une éternité, ou presque.

    Aux Etats-Unis, on vénère et montre un grand respect à ceux et celles qui ont combattu au cours de cette guerre. Et ce n'est pas une formule creuse. Ils font d'ailleurs partie de ceux que l'on appelle The Greatest Generation; ceux et celles qui se sont sacrifiés dans une guerre considérée comme juste et à l'idéal noble : mettre fin à la barbarie nazie. Prendre la Seconde guerre mondiale comme toile de fond pour Call of Duty constituait aussi un bon prétexte pour rendre hommage à ces hommes et femmes de l'ombre, anonymes ou pas.

    Quatre ans plus tard, le même studio tente de marcher à nouveau dans ce sillon déjà bien creusé avec Call of Duty Vanguard, sorti le 5 novembre dernier. Là où l'opus précédent placait le joueur dans la peau d'un jeune soldat incorporé au sein d'une unité faisant partie de la très prestigieuse Première division d'infanterie, surnommée la Big Red One, COD Vanguard opte dans sa campagne solo bouclée en 5h pour un récit suivant 5 soldats d'élite recrutés au sein d'une toute nouvelle unité des forces spéciales, appelée Task Force One.

    Balancé au coeur même d'un Reich vivant ses derniers jours, sa mission est d'infiltrer des sites prioritaires et éliminer des cibles ennemies importantes, et collecter des renseignements militaires ennemis, en particulier en ce qui concerne un certain et obscure projet Phénix.

    Ci-dessous, la bande-annonce du jeu, en grande partie constituée d'ailleurs de Cut Scenes..

    Le chaud et le froid

    La campagne s'articule autour de missions vécues sous forme de flashbacks, censées revenir sur le background de chaque membre du commando. Prétexte à évidemment faire voyager le joueur aux quatres coins du globe sur différents théâtres d'opération. Du retour au siège de Stalingrad pour la tireuse d'élite russe et seul membre féminin du commando, à l'indéboulonnable campagne Nord Africaine pour l'expert en démolition du groupe, en passant par la campagne de Normandie débutant la veille du 6 juin 1944, sans oublier bien entendu la guerre dans le Pacifique, Vanguard coche toutes les cases.

    Si le titre nous épargne un énième remake de la séquence du Débarquement Allié de l'Opération Overlord, on imagine qu'il était compliqué de faire abstraction, dans cette check-list ultra balisée, de la bataille d'El-Alamein ou du siège de Stalingrad, qui a toutefois le bon goût de ne pas chercher à faire un ersatz du film de Jean-Jacques Annaud et ses séquences clés.

    Le tout début de la campagne, plaçant le commando à bord d'un train détourné faisant route en Allemagne, nous a donné pas mal de bouffées d'angoisses... Si l'on observe ici ou là quelques jolis effets de lumière, certaines textures sont vraiment grossières, l'I.A. des ennemis est complètement aux fraises, et surtout un tenace sentiment de déjà vu / déjà joué mille fois...

    Dans l'ensemble du jeu d'ailleurs, le level design souffle clairement le chaud et le froid. La mission Tonga par exemple, durant la campagne de Normandie et qui évoque le background du leader du commando, Arthur Kingsley, possède encore et toujours ses petites fermes et leurs arrières-cours cloturées donnant la sensation d'évoluer dans un corridor. Certes, la licence n'a jamais été connue pour proposer des niveaux plutôt ouverts, mais ca fait quand même peine à voir en 2021.

    Sledgehammer Games

    A côté de ça, par comparaison et même si les scripts abondent, la mission plaçant le joueur à bord d'un avion refaisant la bataille de Midway en 1942 est vraiment sympathique. Tout comme la mission dans la jungle du personnage Wade Jackson, sur le théâtre des opérations dans le Pacifique. In fine, le studio Sledgehammer semble moins inspiré que son modèle de 2017.

    Visuellement, passé un tout début bien faible, il faut être honnête : ca s'améliore quand même pas mal, grâce à un moteur de jeu exploitant la photogramétrie. On n'est pas non plus à la hauteur d'une claque visuelle comparée à d'autres productions de studios concurrents; il faut raison garder. Cela dit, le contraste avec les Cut Scenes du jeu ne sont clairement pas à l'avantage des séquences In Game. Visuellement fantastiques, on sent que ces Cut Scenes ont fait l'objet d'un grand soin de la part du studio. Quel dommage donc qu'elles n'apportent que si peu de choses dans le storytelling...

    Le Sound Design, lui, est toujours excellent et immersif; et c'est d'ailleurs une constante au regard des productions passées. Une qualité à laquelle on peut volontiers adjoindre la BO signée par Bear McCreary, qui a, outre de nombreuses bandes originales de films et séries, composé la fabuleuse BO du dernier opus vidéoludique God of War.

    Alors où est-ce que le bât blesse finalement dans cette campagne ? Principalement dans l'écriture de celle-ci, catastrophique. Pour tenter de lier les différentes missions sur les théâtres d'opérations, le studio a imaginé un récit finalement cousu de fils blancs et très artificiel. On ne comprend jamais comment ce commando à la Inglourious Basterds s'est formé, pourquoi Arthur Kingsley se retrouve à la tête de celui-ci, pour partir au final dans un délirant complot de 4e Reich lorgnant vers un Wolfenstein, mené par un méchant caricatural au possible, l'Oberst-Gruppenführer Hermann Wenzel Freisinger. Et entendre régulièrement des punchlines du style "A force de vouloir voler trop près du soleil, on finit par se brûler les ailes", devient aussi risible que crispant à force de caricature...

    Magré ces vraies réserves, mais aussi les quelques qualités qui parsèment la campagne pour être honnête dans l'exercice, il y a fort à parier que les fans de la franchise passeront largement outre celle-ci; vu la popularité du volet multijoueurs sur la licence. Reste que dans sa partie solo, le titre nous a paru suffisamment déceptif pour lui préférer son aîné sorti quatre ans plus tôt.

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